mercredi 25 mai 2016

Poème d'un petit-fils à son grand-père "hommage à Willy HERTZOG"

Traverses
(Gilles / 18 mai 2016)

Un Bébé traverse … traverse les hanches de sa mère

Jeudi 25 mai 1916 : premiers cris, premières bouffées d’air
Mais on l’entend depuis quelques temps gronder au loin, la Grande Guerre

Un Enfant traverse … traverse la cour d’une ferme

Il se dirige vers la grange, à pas hésitants, où il rejoint les autres
A peine elles le soutiennent que déjà elles s’impatientent
Ses jambes voudraient gravir toutes les montagnes, toutes les pentes
 Ces collines qui l’entourent sont si belles sous la neige

Un Garçon traverse … traverse son village natal

De bas en haut, de haut en bas, il pousse ou tire une carriole
A l’intérieur, sa livraison de pain
A l’intérieur, surtout, son petit frère Martin
Il le trimballe partout, ensemble ils gagnent quelques sous
« Avec ça, tu verras Martin, je m’offrirai mon premier vélo
Et je serai ton champion, le meilleur des grimpeurs ! »

Un Homme traverse … traverse les Champs Elysées

14 Juillet 1939 : les visages sont graves
Ce qui se trame au loin ne l’est pas moins
« Ils m’ont placé en tête de peloton parce que je suis costaud et grand
Nous défilons, fiers et Zouaves … mais demain, c’est le Front …
Dieu sait comment et à combien nous reviendrons …»

Un Soldat traverse … traverse des champs d’honneurs, des chants d’horreurs

Des plages éventrées par les hurlements des mortiers
« Voler ce camion, tout risquer pour ramener ces cent obus
Tenir encore quelques jours pour que d’autres puissent gagner l’Angleterre
Notre Adjudant Chef gît là, pétrifié en statut de sable, une balle dans la tête
Nos jambes nous tiennent debout … Malgré Nous … »

« Samedi 25 mai 1940, carnet militaire de Willy HERTZOG, près de Dunkerque :
Dans la nuit, nous arrivons à Capelle
Et y restons toute la journée. C’est mon anniversaire
Et c’est la première fois que j’écris
Nous repartons pour retrouver notre régiment …»

Un Père traverse … traverse ce qu’il reste d’Europe, l’amour au ventre

« Marcher, marcher encore, me cacher, ne pas céder à la faim, au désespoir
Et coûte que coûte les retrouver
Ma Trudy, notre Elvire, notre Heidi
Et, bientôt, pour recommencer à croire à un après : notre Hervé »



Un Homme apaisé traverse … traverse les Belles Années,
 les Trente Glorieuses

Les premières Grandes Vacances, les campings, les Tours de France
« Cette foutue guerre m’a volé mes chances de devenir champion
Elle m’a aussi volé mon cher Martin
Mais je roulerai encore, pour lui, par monts et par vaux
Jusqu’aux fermes auberges où, les dimanches, l’amitié coule à flot
Et je rêverai de lui jusqu’à mes derniers jours
Moi et lui, la carriole, nos rires résonnant au sommet des cols »

Un Grand-Père m’enveloppe … m’enveloppe de son regard

Il m’apprendra les arbres et deviendra mon Chêne
J’aime son odeur de bon pain, j’aime qu’il roule ses « R »
A chaque bière racontée, chaque gorgée de guerre partagée
Nous devenons compagnons d’un voyage dans le temps, dans son temps
« Tu sais, beaucoup d’Allemands étaient comme nous
De pauvres diables qui voulaient juste rentrer chez eux
Un officier m’a même aidé à m’évader
Ils m’aimaient bien car je cuisinais de bonne choses avec trois fois rien … »

Un trop Vieil homme traverse … traverse mon cœur de part en part

Traverse un siècle d’histoire
Sans impatience, sans peur du noir
Ses jambes ne le portent plus, son ventre ne veut plus
« Qu’est-ce qui t’inquiète tant, Papy ?
Tu t’es si bien battu, tu es mon héro et je t’aime fort !
Gilles, je m’inquiète pour la famille
Tout ira bien pour nous, Papy, ne t’inquiète plus de rien
Gilles, ce sont de belles paroles
Mais l’amour n’est fait que de belles paroles, Papy
C’est vrai ce que tu dis, c’est vrai
Maintenant, rentre chez toi, va retrouver les Tiens … »

Un Père, un Beau-Père, un Cousin, un Oncle, Un Grand-Père, un Grand-oncle

Un Arrière grand-Père … un Arrière arrière … nous attend …

Il nous attend c’est sûr, du sommet d’une Vosges
Assis dans une moraine, ou allongé sous un buisson de myrtilles
Un sandwich à la main … et ce sourire, enfin …



C’est sûr, il nous attend, tout en haut, quelque part …

mercredi 18 mai 2016

L'Amicale du 8e Zouaves en deuil, décès du Zouave Willy HERTZOG

Willy  HERTZOG 

Né le 25 Mai 1916 à Griesbach au Val (Haut-Rhin)
Classe 1936
Grade : 2e classe
Incorporé au 8e zouaves le 23 octobre  1936 à la C.A 1
Fait prisonnier à Dunkerque  le 4 juin 1940
Interné dans un camp près de Dorsten puis à 14 km de Bremersünd au stalag X B à Sandbostel

Les alsaciens sont séparés des autres Français le 13 juillet.  Ils restent au camp jusqu’au 9 septembre puis sont trimbalés en Allemagne jusqu’au 17 septembre quand on les ramène à Strasbourg


Libéré en août 1940, il a pu rentrer à Colmar ou il a exercé le métier de boulanger , puis en 1943, il a été incorporé de force dans l’armée Allemande , puis il s’est évadé